Les amalgames dentaires, traditionnellement appelés plombages, sont des matériaux utilisés pour obturer les dents cariées. Moins cher que les matériaux composites, ils présentent l'inconvénient d'être inesthétiques et de contenir du mercure.
Amalgame dentaire : historique
Les amalgames existent depuis l'antiquité mais l'amalgame d'argent, composé d'argent et de mercure, date de 1836. Le principe est de mélanger une mixture de plusieurs poudres de métaux avec du mercure liquide. Cela forme un matériau plastique qui durcit de manière progressive lorsqu'il est placé dans la cavité carieuse nettoyée.
La composition des amalgames a par la suite connu quelques modifications notamment avec l'ajout de cuivre, d'étain et de zinc dans la poudre d'alliage. Les amalgames dits conventionnels ont gardé cette formule.
Bien que l'on parle de plombage, les amalgames ne contiennent plus de plomb, sa haute toxicité ayant été démontrée.
Composition des amalgames dentaires actuels
Il existe deux types d'amalgames actuels :
- les amalgames à phase dispersée sont obtenus par mélange d'une poudre conventionnelle avec un alliage sphérique Ag-Cu ;
- les amalgames à haute teneur en cuivre ou HCSC (High Cooper Single Composition) comportent un alliage ternaire (Ag-Sn-Cu). Chaque particule de poudre d'alliage a la même composition chimique contrairement aux anciennes formes, d'où le nom d'alliages à composition unique. Ils sont considérés comme étant les plus performants.
Les amalgames actuels sont considérés comme un matériau de choix pour les dents des secteurs postérieurs (molaires, prémolaires). Outre leur résistance qui leur confère un caractère durable, ils possèdent des propriétés antibactériennes donc limitent la récidive de la carie, et permettent une restauration des surfaces de bonne qualité (maintien d'un bon contact dentaire avec les dents adjacentes).
Peu coûteux, ils sont remboursés intégralement par la sécurité sociale en France.
Cependant, ils n'ont pas la même couleur que les dents (couleur argentée) et n'adhèrent pas à l'émail.
Amalgame dentaire : problème du mercure
Risques liés au mercure dans les amalgames
Outre le risque pour l'environnement, le mercure, présent dans une proportion de 40 à 50 % de l'amalgame, est un produit toxique à partir d'une certaine dose.
Le mercure est libéré en quantité non négligeable lors de la pose et du retrait d'un amalgame, mais aussi, de façon moindre, lors de sa corrosion. Il passe dans l'organisme sous forme de vapeurs et de particules ingérées. Le mercure passe la barrière placentaire, libérant une fraction de mercure dans l'organisme du fœtus. Il passe aussi dans le lait maternel.
Les effets du mercure sur l'organisme sont peu connus :
- réactions allergiques, en général de faible importance : lichen plan, eczéma péribuccal ;
- possible accumulation dans les reins, les organes digestifs, le système nerveux, le système respiratoire, ou encore les tissus de la mâchoire ;
- modification de la configuration des structures cellulaires (ADN).
Selon les autorités scientifiques, les apports en mercure issu de l'alimentation (poisson en particulier) et de l'environnement (air, eau) additionnés à celui des obturations n'atteindraient pas les seuils de toxicité. Le risque serait en revanche avéré en cas de restaurations multiples (plus de 10 obturations) et volumineuses.
Précautions liées au mercure
Des précautions sont toutefois en place :
- conditionnement des produits sous forme de capsules pré-dosées dans le but de limiter l'émission de vapeurs lors de la préparation ;
- exercice du dentiste dans des locaux ventilés, pose de l'amalgame sous aspiration chirurgicale et avec champ opératoire ;
- différer la pose ou dépose d'amalgames dentaires, ou préférer l'usage de composites, lors de la grossesse et de l'allaitement ;
- préférer d'autres matériaux d'obturation chez les personnes atteintes de pathologies rénales.
Par ailleurs, une nouvelle législation a vu le jour (règlement (UE) 2017/852 adopté le 17 mai 2017 par le Parlement européen). Ainsi, il est interdit d'utiliser des amalgames dentaires contenant du mercure :
- depuis le 1er juillet 2018 dans les traitements des dents de lait, chez des mineurs de moins de 15 ans et chez des femmes enceintes ou allaitantes (sauf besoins médicaux spécifiques) ;
- depuis le 1er janvier 2019 pour les praticiens de l’art dentaire, les amalgames dentaires ne doivent être utilisés que sous une forme encapsulée pré-dosée.
Bon à savoir : les différents pays d'Europe ont une position différente concernant l'emploi des amalgames, la toxicité du mercure pour l'organisme et son impact environnemental étant discutés. Certains pays ont limité, voire supprimé leur emploi. Quoi qu'il en soit, chaque État membre devra présenter un plan national relatif aux mesures qu'il entend appliquer, afin d'éliminer progressivement l'usage des amalgames dentaires avant le 1er juillet 2019.
Autres risques liés aux amalgames dentaires
Réaction inflammatoire
Les produits de dégradation peuvent migrer en direction de la pulpe dentaire et entraîner une réaction inflammatoire.
Phénomène d’électro-galvanisme
L'emploi d'amalgames est à éviter au contact de couronnes ou d'autres obturations métalliques car il existe un risque de création de micro-piles (phénomène de bimétallisme ou électro-galvanisme buccal).
Alternatives aux amalgames dentaires
D'autres procédés d'obturation existent (résines composites, céramique) mais, en dehors de leurs qualités esthétiques, ils n'atteignent pas les performances des amalgames en matière de résistance et de durée de vie, de prévention des caries et de restauration des surfaces. Voici leurs principaux avantages :
- ils ne contiennent pas de mercure ;
- sont de la même couleur que les dents ;
- adhèrent à la surface dentaire ;
- et imposent de retirer moins de tissu dentaire.
Cependant, leur usure est plus rapide que les amalgames métalliques, leur étanchéité est faible et ils présentent un risque allergique plus important que les amalgames. Ils n'ont pas de propriété anti cariogène. Ils présentent un caractère toxique pour la pulpe ce qui limite leur utilisation à des caries peu profondes.
Seules les inlays-onlays, résines cuites au laboratoire de prothèse à partir d'une empreinte, ont une qualité comparable aux amalgames métalliques mais ils présentent un coût élevé et un faible remboursement.