
La parodontite est une maladie courante qui affecte les tissus entourant les dents, qui a des conséquences sur l'équilibre bucco-dentaire et un impact sur l'état de santé général.
Il est pourtant possible, avec un traitement simple et une bonne hygiène, de l'enrayer lorsqu'elle est décelée rapidement. Une raison de plus pour consulter son dentiste régulièrement ! Zoom sur cette maladie buccale.
Un peu d'anatomie : le parodonte
Le terme « parodonte » désigne les tissus qui entourent la dent et assurent son soutien. Il en existe 4 :
- La gencive, formée de muqueuse buccale, recouverte par une couche de kératine étanche aux microbes. Elle recouvre les parties internes et externes de l'os de la mâchoire et enserre les dents.
- L'os alvéolaire entoure la dent et représente son principal soutien ; il repose sur l'os basal qui forme la mâchoire. Sa forme évolue, il est capable de se remodeler et change de taille en fonction des circonstances (poussées dentaires chez l'enfant, extraction d'une dent, etc.).
- Le cément est un tissu jaunâtre, qui ressemble à de l'os et recouvre la racine.
- Le desmodonte : également appelé ligament alvéolo-dentaire, il permet de relier la dent à l'os alvéolaire. Il est constitué d'un ensemble de fibres, qui s'accrochent à une extrémité au niveau du cément et à l'os alvéolaire de l'autre. Il joue notamment un rôle d'amortisseur des chocs subis par la dent.
À noter : le terme parodonte vient du grec « para » : autour de, et « odontos » : dent.
Parodontite : inflammation du parodonte
La parodontite correspond à une inflammation de l'ensemble du parodonte. Elle débute par une gingivite, qui affecte uniquement la gencive.
Lorsqu'elle n'est pas soignée, des poches parodontales se creusent entre la gencive et la dent, l'inflammation s'étend.
Bon à savoir : on distingue les parodontites chroniques, qui évoluent lentement, des parodontites agressives qui surviennent généralement avant l'âge de trente ans, parfois même à l'adolescence, et évoluent rapidement.
Causes de la maladie
La parodontite est une maladie infectieuse :
- Elle est liée à un déséquilibre au niveau de la flore buccale. La bouche est naturellement peuplée de bactéries : il arrive que cette population saine soit remplacée par des bactéries pathogènes, agressives pour le parodonte. Ce déséquilibre provient d'une part de ce que nous mangeons (consommation de sucre raffiné et/ou alimentation pauvre en vitamines B, C, D, E et K et minéraux), d'autre part d'une mauvaise hygiène bucco-dentaire.
- Parmi les bactéries à l'origine de la maladie, on rencontre par exemple Porphyromonas gingivalis (qu'on retrouve chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde), Streptococcus mutans, Aggregatibacter actinomyces et Actinobacillus actinomycetemcomitans.
- Elle est également associée à une défaillance du système immunitaire, qui ne parvient pas à enrayer l'infection. Les personnes atteintes du sida par exemple y sont ainsi particulièrement sensibles. Mais le tabac lui aussi se fixe sur les gencives enflammées et accélère de façon considérable la perte de l'os alvéolaire en empêchant le système immunitaire de jouer son rôle protecteur.
D'autres facteurs augmentent les risques de développer une parodontite :
- les soins dentaires inadaptés, c'est-à-dire lorsque des prothèses dentaires anciennes ou ne respectant pas parfaitement l'anatomie ;
- les métaux des prothèses ou couronnes dentaires qui :
- soit créent un électro-galvanisme,
- soit sont directement allergène (titane ou nickel notamment, avec 10 % de la population qui y est allergique et 40 % qui y est intolérante) ;
- une mauvaise occlusion, c'est-à-dire si les dents de la mâchoire inférieure ne s'emboîtent pas correctement avec celles de la mâchoire supérieure (cela risque d'enflammer le ligament alvéolo-dentaire et d'aboutir à une arthrite dentaire...) ;
- les déséquilibres métaboliques et le blocage des émonctoires (au final, une inflammation intestinale) liés à une alimentation trop abondante, déséquilibrées et à la consommation excessive d'alcool (par ailleurs, en cas d'obésité, les troubles hépatiques et intestinaux favorisent ou aggravent les parodontopathies) ;
- un déséquilibre acido-basique consécutif à une alimentation acidifiante (alimentation industrielle, viandes, laitages) et à un excès de stress ;
- d'un point de vue émotionnel, la parodontite peut se rapprocher :
- soit du conflit de la gencive, à savoir une importante dévalorisation du type : « Ma parole n'a pas de poids »,
- soit d'un événement déstabilisant qui fait perdre son assise et sa sécurité (séparation, problèmes d'argent, chômage...).
Symptômes caractéristiques de la parodontite
La parodontite se manifeste par différents symptômes qui doivent alerter le patient et l'inciter à consulter son dentiste :
- la gencive est gonflée, rouge, elle saigne spontanément ou au cours du brossage de dents, et est parfois douloureuse ;
- des abcès se forment ou la dent se déchausse ;
- les dents migrent ou deviennent mobiles ;
- une mauvaise haleine s'installe.
Bon à savoir : la maladie se développe souvent de manière silencieuse dans ses premières phases, un bilan régulier chez le dentiste est donc fortement conseillé.
Complications de la maladie
La parodontite provoque la résorption de l'os alvéolaire et la destruction du ligament parodontal ; la dent, privée de son soutien, se déchausse. Si la situation n'est pas maîtrisée par un traitement adapté, elle finit par tomber.
Déchaussement des dents Lire l'article
La maladie peut se généraliser à un ensemble de dents et affecter l'équilibre de la dentition.
Il existe également un lien étroit entre les parodontites et d'autres maladies :
- Les patients atteints de parodontite sont plus susceptibles de développer des maladies cardiaques (notamment des AVC et des endocardites) que les personnes qui en sont indemnes. Le risque d'infarctus est multiplié par deux. Inversement, les sociétés de parodontologie et de cardiologue qui se sont unies pour mettre en place un plan d'action et de prévention des maladies cardiovasculaires aux États-Unis estiment qu'un traitement parodontal diminuerait ce risque de 14 %.
- Les patients diabétiques sont plus sujets aux maladies parodontales que le reste de la population : une glycémie mal maîtrisée facilite les infections. Elles sont plus agressives et évoluent rapidement. L'inverse est également vrai puisque depuis 2001, de nombreux chercheurs ont démontré que l'inflammation chronique provoquée par une parodontite sur le long terme favorise l'insulinorésistance et augmente la glycémie.
- Les bactéries Porphyromonas gingivalis et Aggregatibacter actinomyces, en passant dans la circulation sanguine, pourraient avoir un impact sur les adipocytes (cellules graisseuses). En stimulant les défenses immunitaires, elles déclencheraient une inflammation chronique qui favoriserait le stockage des graisses et rendrait difficile la perte de poids.
- Les parodontites augmentent également le risque de contracter des infections au niveau pulmonaire, notamment chez les personnes âgées (les bactéries étant inhalées).
- On retrouve également des cellules d'origine parodontale dans les tumeurs cancéreuses du pancréas (à rapprocher du diabète), du cancer du sein et, plus logiquement, du cancer de l'estomac.
- Il existerait un lien qui ne cesse d'être confirmé par diverses études entre les parodontites (et les gingivites) et la maladie d'Alzheimer. Ainsi, avoir une mauvaise hygiène buccale peut suffire à faire passer les malades du stade de déficit cognitif léger à la démence et à accélérer le déclin cognitif.
À noter : les femmes enceintes souffrant d'une forme sévère de parodontite ont trois fois plus de risques d'accoucher prématurément, comme le montre les travaux de Marie-Laure Colombier, chercheuse à l'INSERM (des études américaines évaluent même que ce risque est multiplié par sept).
Prévention et traitements de la parodontite
Statistiques
Selon un sondage de l'Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD), 50 % de la population présente un saignement des gencives, mais 9 % seulement consultent pour ce motif. D'ailleurs, 46 % des Français ignorent qu'il existe une malade parodontale (des médecins eux-mêmes ne sont pas au courant).
Au final, 50 % des Européens (tous âges confondus) présentent une maladie parodontale et ce taux atteints même les 85 % chez les personnes de plus de 65 ans (10 % d'entre eux présentent même une parodontite sévère avec à terme une perte de l'ensemble des dents).
Hygiène bucco-dentaire
Pour prévenir et enrayer la parodontite, il est indispensable d'avoir une bonne hygiène bucco-dentaire, pour éliminer les bactéries et empêcher la formation de tarte. Il convient :
- de se brosser les dents deux fois par jour, avec une brosse à dent souple pour ne pas endommager les gencives, changée tous les deux mois ;
- d'utiliser des bossettes inter-dentaires ou du fil de soie pour accéder aux zones difficiles ;
- de bénéficier d'un détartrage régulier chez le dentiste.
Il peut également être extrêmement intéressant de pratiquer l'oil pulling (bain de bouche à l'huile de sésame ou à l'huile de coco) qui se révèle extrêmement efficace contre l'inflammation des gencives. Cette technique permet aussi de nettoyer les dents en captant les bactéries liposolubles que les dentifrices et bains de bouche classiques ne permettent pas de déloger.
Traiter les causes
Comme nous l'avons vu, il existe de très nombreux facteurs de risque de parodontite et il est essentiel de les prendre en charge pour obtenir une diminution de l'inflammation et espérer une guérison durable. Il est donc essentiel que le chirurgien-dentiste travaille en collaboration avec les autres praticiens de santé afin de traiter en parallèle les problèmes qui doivent l'être :
- foie et intestins (émonctoires chargés d'évacuer les toxines) ;
- carences minérales et vitaminiques ;
- alimentation ;
- hygiène de vie...
Surfaçage radiculaire
Le dentiste procède à un nettoyage complet et en profondeur des dents et de leurs racines pour assurer l'élimination des poches parodontales. Ce traitement se déroule sous anesthésie locale. Il agit d'un détartrage en profondeur que l'on appelle curetage ou surfaçage.
L'objectif est d'enlever la totalité du tartre et de la plaque bactérienne des surfaces dentaire, y compris sous la gencive (le long des racines).
En temps normal, cette intervention ne dure qu'un quart d'heure (pour une simple gingivite par exemple).
Traitement antibiotique
Pour détruire les bactéries responsables de la dégradation des tissus, le dentiste propose dans certains cas un traitement antibiotique, sur 7 jours généralement.
Un diagnostic bactériologique est souvent mis en œuvre pour identifier les bactéries responsables et prescrire la molécule la plus adaptée.
Traitement chirurgical
Dans les cas les plus sévères, il est parfois nécessaire d'ouvrir la gencive pour permettre un nettoyage efficace des poches parodontales (l'intervention peut durer jusqu'à 4 heures).
Des techniques de greffes peuvent également restaurer les tissus endommagés :
- la greffe de gencive, généralement réalisée à l'aide d'un greffon prélevé au niveau du palais ;
- la greffe osseuse, à l'aide de biomatériaux ou d'un greffon osseux provenant du patient.
Lorsque la dent ne peut être sauvée, elle est extraite et remplacée par une prothèse fixée sur un implant.